APRèS 17 ANS SOUS LES RADARS, MANU CHAO REVIENT CHANTER LA «LIBERTAD»

L'interprète du tube «Me Gustas Tu» sort son prochain opus, «Viva Tu», le 20 septembre. Il a offert une prestation inédite devant une foule enchantée.

Après 17 ans sans album, le chanteur franco-espagnol Manu Chao revient vendredi avec «Viva Tu» et ses sonorités latinos, qui ravivent les bons souvenirs d’une génération qu’il a bercée sur la route des vacances comme dans les révoltes.

«Merci pour l’énergie! Merci pour l’espoir!» a lancé mardi, bras déployés et grand sourire, un Manu Chao transcendé par la foule sous le chapiteau du Kilowatt, un espace culturel dans une zone industrielle de Vitry-sur-Seine, au sud de Paris.

En formation réduite et acoustique, l’ex-chanteur du groupe Mano Negra est toujours branché sur courant rock alternatif et a électrisé le public pendant deux heures, reprenant surtout une succession de tubes datant de l’époque «Clandestino» (1998), son premier opus solo aux influences européennes et sud-américaines.

«Bongo Bong», «Welcome to Tijuana», «Je ne t’aime plus» – entre autres succès – représentent pour Clara Machin, 39 ans, la madeleine de Proust de vacances à Cuba: «C’était le CD de ce voyage et j’ai toujours l’image dans la voiture, avec mon père, à écouter cet album», a-t-elle confié. Le paternel, 68 ans, revendique avoir toujours «kiffé Manu».

Dans une «bouffée de nostalgie», Alexia Guermonprez, 44 ans, le raccroche à son adolescence, ce temps «où on est persuadé qu’on parle espagnol couramment», «cette joie de vivre et cette envie de changer le monde aussi».

Hymne au minimalisme

Ce nouvel album «Viva Tu», appel à croire en soi, n’est pas totalement un retour: à 63 ans, José Manuel Tomás Arturo Chao Ortega, dit Manu Chao, n’avait pas complètement disparu du paysage musical, évitant les médias et poursuivant les concerts dans des lieux à taille humaine, où il veille lui-même au prix des places.

Avec ses paroles minimalistes et répétitives, en espagnol principalement, ses échantillons sonores réemployés çà et là, le tout enveloppé par des rythmes chaleureux où guitare et percussions sont omniprésentes, sa patte est reconnaissable en quelques notes.

Pour le reste, l’artiste livre des titres toujours engagés comme «Vecinos en el mar» («Voisins sur la mer»), sur l’immigration, écrite avec des réfugiés kurdes à Athènes.

Et propose des pas de côté comme «Tu Te Vas» en duo avec la rappeuse française Laeti, le country punk «Heaven’s Bad Day» ou la rumba éponyme de l’album dans laquelle il célèbre notamment ses voisines de quartier à Barcelone, où il vit.

Un vrai punk

Manu Chao «c’est la liberté d’abord, le fric, il s’en fout», assure de son côté Alain «Gaston» Rémy, auteur de la BD biographique «De la Mano à Manu Chao». «Il vient du punk, on était des petits punks avec lui, on est devenus des vieux hippies avec lui... et il a engendré des jeunes hippies», note-t-il.

Sur les plateformes d’écoute, l’artiste attire effectivement un public rajeuni et ses tubes agrémentent des stories sur le réseau social TikTok. En 2023, il a réalisé «plus de 835 millions de streams toutes plateformes confondues», selon son label.

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