CHARLES III EST MAUDIT

Entamé il y a un an, jour pour jour, au terme d'une fastueuse cérémonie à l'abbaye de Westminster, le règne de Charles III laisse déjà un goût d'inachevé. Amer. Le souverain est-il condamné à entrer dans l'Histoire comme un roi maudit?

Ce 6 mai 2023, alors qu'une joyeuse journée de couronnement touche à son terme, dans l'abbaye de Westminster, les chœurs et les vivats ont laissé place au silence. Le sol est déblayé, les tapis de velours enroulés, les guirlandes décrochées, le sceptre et l'orbe de cérémonie remballés dans l'attente d'une prochaine fois.

Le roi fraîchement couronné, lui, n'a pris que quelques minutes pour digérer le buffet, le manque de sommeil et le poids de la couronne impériale. Charles III doit se mettre au travail. Il n'a pas de temps à perdre. A 74 ans, ses années sur le trône sont comptées.

Charles III, nouveau roi par intérim

Un nouveau style

A supposer qu'il profite de la même longévité que ses ancêtres Windsor, le roi n'aura que 25 ans pour apposer sa marque. Autant dire pas grand-chose, en comparaison avec les sept décennies dont sa propre mère a bénéficié pour laisser une trace dans les livres d'histoire.

«Tenter de lui succéder allait être une tâche impossible, car Elizabeth II était unique, à part»

- Une source du palais, au Daily Telegraph. -

Pas question pour Charles de se perdre sur les traces de maman. Cette reine stoïque, intouchable, mystérieuse, inconnue, exempte du moindre scandale. Une «quasi-divinité» dont il pourrait, au mieux, incarner une pâle copie. Après des années à afficher ses frasques amoureuses, ses sautes d'humeur, ses passions et ses marottes bizarres, ses cravates imprimées et ses fragilités, l'ex-prince de Galles n'avait qu'un seul choix: être lui-même. Un roi «humain».

Pourquoi Charles III mérite qu'on l'aime

Cette première année, le monarque l'a donc passée à cultiver son style. Une monarchie élimée, moins protocolaire, plus accessible à ses sujets que jamais. La déférence a fait place à la familiarité. Les révérences aux câlins et aux selfies. Les «Votre Majesté» à «Charles».

Un style personnel qui, à en croire les sondages, a plu aux Britanniques. Selon un sondage du Times dévoilé à l'occasion de ce premier anniversaire, une majorité estime que le roi a fait du bon travail au cours de l'année écoulée. Le taux d'approbation du roi et de la reine a augmenté de près 10% par rapport à l'année dernière.

Un roi maudit

Qui dit humain, dit aussi faillible. Il ne porte la couronne que depuis huit mois lorsque Charles apprend qu'il souffre d'une hypertrophie de la prostate. Et, dans la foulée, d'un cancer. Une double-maladie exposée en presque toute transparence, mais surtout, un ultime croche-patte du destin. Comme si ce prince, qui rongeait son frein dans la salle d'attente de l'Histoire depuis des décennies, n'était pas autorisé à goûter au statut ultime.

Voire une malédiction, diront les plus superstitieux. Après tout, le nouveau roi s'est inscrit dans une lignée à risque. Charles 1ᵉʳ est mort décapité, son fils, Charles II, d'une crise d'apoplexie sans héritier mâle. Deux homonymes au destin peu enviable.

S'appeler Charles et être roi, ça porte malheur

Près de 400 ans plus tard, Charles III n'a pas eu plus de chance. Coupé net dans son élan, alors qu'il commençait juste à bâtir son héritage caroléen, le voilà réduit à un traitement ambulatoire et un retrait des fonctions publiques. Trois mois. Le quart de son règne. Une éternité, pour un job qui repose en majeure partie sur sa visibilité.

En coulisses, Charles a continué son œuvre, ses lettres, ses missives et son job administratif. Contraint d'assister de loin, presque impuissant, aux retombées des premières décisions de son règne. A commencer par ses coupes drastiques dans la famille royale active, décimée en quelques jours par des problèmes de santé.

Le plan de Charles se retourne contre lui

Les initiés susurrent que Charles, maintenant qu'il a repris le chemin des engagements publiques, aura à coeur de mettre les bouchées doubles. «Il est frustré, car il a encore beaucoup de choses à accomplir», concède au London Times une source proche.

«Certaines personnes pourraient penser qu'il essaie de pédaler deux fois plus vite, parce qu'il est conscient que le temps presse. Mais de toute façon, il est comme ça»

- Un ami du roi -

Avec un programme estival «soigneusement calibré» qu'il espère soutenu, le monarque tentera de mettre fin au bruit persistant à la cour selon lequel il n'est définitivement qu'un «roi intérimaire». A moins qu'il n'entre dans les livres d'histoire comme le premier monarque «humain»... Une manière à peine plus enviable, sans doute, que de passer à la postérité comme un roi maudit.

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