L’ACTU MUSICALE DE LA SEMAINE, C’EST PAR ICI

Pop, classique, opéra… Eh non! les albums de Dua Lipa et Sia n’étouffent pas toutes les sorties de la semaine.

L’Orfeo de Jakub Józef Orliński

Opéra L’ascension irrésistible de Jakub Józef Orliński sur les scènes du monde entier ne pouvait pas se limiter à des albums solos, aussi aboutis soient-ils. Le contre-ténor aborde enfin un rôle entier à la mesure de son talent dans un enregistrement qui fera date. Son incarnation de l’«Orfeo» de Gluck est un projet de longue haleine, mené après plusieurs performances scéniques et qui montre le contre-ténor au sommet de son art: charnu, sanguin, dramatique et élégiaque. Pour ce projet dont il est également le producteur, le chanteur s’est entouré de l’équipe polonaise de l’ensemble Il Giardino d’Amore de Stephan Plewniak, très investi, et des voix merveilleuses d’Elsa Dreisig (Euridice) et Fatma Said (Amore). À saluer également, le relief du chœur et une merveille de prise de son qui nous fait vivre cet aller-retour aux enfers en tenant la main d’Orphée.

Le polymorphisme selon St. Vincent

Pop Il y a les artistes qui creusent un seul filon et en font une marque de fabrique et ceux qui explorent tout le spectre des possibles. La chanteuse St. Vincent fait partie des seconds. L’Américaine de Tulsa, qui a commencé par jouer pour The Polyphonic Spree et Sufjan Stevens, a déjà neuf albums à son actif – dont un en collaboration avec David Byrne – depuis ses débuts en solo en 2007. Capable de passer d’une ballade susurrante à des éclats agités par les fracas de l’electro ou des guitares, celle qui a aussi coécrit le tube «Cruel Summer» de Taylor Swift fait une fois de plus œuvre de caméléon pop talentueux sur ce «All Born Screaming», ouvert par le lucide «Hell is Near» aux douceurs dignes de Kate Bush (ou Tori Amos). La chanteuse fait ensuite tourner la moulinette stylistique – jusqu’au reggae! – et parvient sans difficulté à se faire passer pour PJ Harvey ou Sharleen Spiteri de Texas. Une pop puissante à la fois structurée et disruptive.

Max Reger et ses voix mélancoliques

Classique Tel un limier têtu, Paul van Nevel a passé l’essentiel de ces dernières décennies à chasser des ouvrages enfouis dans les bibliothèques d’Espagne, d’Italie, des Flandres et d’ailleurs. Il y a déniché et enregistré dans la foulée des codex et des partitions manuscrites brillantes et oubliées, qui portent la signature de figures souvent obscures. Bref, le chef de chœur a été un explorateur à qui les mélomanes doivent des remerciements éternels.

Mais ici, avec son Huelgas Ensemble, il quitte les rivages de la Renaissance et du répertoire baroque – qui lui sont chers – pour explorer l’œuvre vocale du Bavarois Max Reger (1873-1916). Un choix pas si étonnant au fond, car l’univers du compositeur, si sobrement restitué par ces voix, est intimement relié à l’héritage de Bach et encore à celui de la Renaissance, précisément. Ces ouvrages sont des perles mélancoliques à (re)découvrir sans hésiter.

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