«MA FORTUNE A éTé FAUCHéE!»: UNE BRITANNIQUE DE 70 ANS POURSUIT JULIUS BäR EN JUSTICE

La Britannique Anne Kearns, 70 ans, poursuit Julius Bär en justice. Sa fortune aurait été dilapidée, notamment grâce à un système de fausses signatures. Or, la banque était au courant des manquements de ses banquiers, soutient-elle.

Cette histoire commence par une lettre d'adieu tragique, peu avant les fêtes de Noël en 2015. Elle parle de culpabilité et d'expiation. «J'ai joué, mais j'ai échoué», a écrit un conseiller financier à Bruxelles à sa femme. Avant de s'ôter la vie.

Que dit ce texte? Son auteur y avoue avoir détourné l'argent de sa belle-famille, pour maintenir Spatial View (en français, «la vision spatiale») en vie. Ce terme anglais fait référence à une entreprise canadienne dont le rendement aurait dû crever le plafond grâce à la technologie 3D.

Jusqu'à ce que le gestionnaire de fortune de Bruxelles n'envoie cette lettre, Anne Kearns, une psychothérapeute britannique, pensait avoir fait un bon investissement. Cette femme de 70 ans lui avait fait confiance et l'avait chargé de s'occuper de sa fortune, qui s'élevait alors à environ 1,2 million de dollars américains. Mais elle a alors appris qu'elle avait été victime d'un escroc et de son réseau en Suisse.

Ce mardi, l'affaire sera jugée au tribunal de district de Zurich. Anne Kearns poursuit la banque Julius Bär. Le montant en jeu? Elle demande environ 1,8 million de francs à la banque privée, plus les intérêts. Car la transaction a été effectuée via un dépôt auprès de la banque ING, à Lausanne. Or, celle-ci appartient à Julius Bär depuis 2010.

«Il y a eu du copinage»

Anne Kearns explique à Blick qu'elle ne voulait investir que 300'000 dollars américains dans la start-up canadienne. Elle aurait cherché à placer le reste en toute sécurité. Mais, en réalité, une partie beaucoup plus importante de son argent aurait été versé. Sans consultation préalable et avec une signature falsifiée.

«J'ai fait confiance au système bancaire suisse, soupire-t-elle. Mais au lieu de la fiabilité suisse, j'ai trouvé du copinage.» L'employé de banque qui était alors responsable de la banque ING, à Lausanne, était en effet lié par alliance au directeur de Spatial View. «Il a approuvé les paiements. Or, il y avait un conflit d'intérêts évident», tonne Anne Kearns. Une telle chose n'aurait jamais dû se passer dans une banque, se désole-t-elle.

«Ma fortune a été fauchée»

Mais ce n'est pas tout. En 2008, la psychothérapeute avait vendu son appartement à Londres pour 1,6 million de francs. Sur recommandation du gestionnaire de portefeuille bruxellois, elle a fait virer l'argent sur le compte de sa société en Suisse, dont le banquier lausannois s'occupait. De là, la somme devait lui être transmise. Or, elle n'est jamais arrivée sur son compte de dépôt.

Où se trouve-t-elle? «Ce montant s'est en partie déplacé à Jersey, et en partie en Allemagne, s'étrangle Anne Kearns. Ma fortune a été fauchée.»

Mais cet argent ne peut pas s'être volatilisé, poursuit la retraitée. De plus, une expertise commandée par ses soins a établi qu'il existait une «forte évidence» que des signatures aient été falsifiées à plusieurs reprises. Elle veut donc que Julius Bär réponde de ses actes et explique pourquoi personne n'a remarqué qu'il s'agissait d'une fausse signature.

Pas d'argent pour les avocats

Cela fait maintenant des années qu'Anne Kearns se bat pour sa fortune. Entre-temps, elle a déménagé avec son épouse Penelope dans le sud-ouest de la France. Et elle a vraiment besoin de cet argent, souffle-t-elle. «Nous ne sommes pas en bonne santé. Ma femme, qui a 79 ans, a besoin de soins. Et on m'a découvert un cancer du sein.»

Elle n'a pas les moyens de s'offrir des avocats. C'est pourquoi elle s'est engagée à financer le procès. Si ses avocats obtiennent gain de cause au tribunal, elle devra donc céder une partie de l'argent qu'elle a gagné.

Mais elle ne veut pas baisser les bras. «La banque Julius Bär était au courant des manquements de ses banquiers, avance-t-elle. Ou alors, les procédures de compliance n'ont pas fonctionné. Mais dans tous les cas, une telle chose ne devrait pas arriver dans une banque suisse.»

Ses plaintes pénales n'ont jusqu'à présent mené à rien. Elle mise désormais sur une action civile devant le tribunal de district de Zurich.

La banque Julius Bär n'a pas souhaité commenter l'affaire. Les banquiers impliqués bénéficient de la présomption d'innocence.

2023-05-28T20:12:15Z dg43tfdfdgfd