MATHIEU BLANCHARD: «LA FATALITé ME DéRANGE UN PETIT PEU»

Le spécialiste d’ultra-trail s’est mis au défi de réussir la Patrouille des Glaciers. Une course d’un sport qu’il découvre depuis quelques mois, et qui lui fait essuyer des critiques.

Direction le Cervin, ou presque. Mathieu Blanchard était dans la voiture avec sa compagne Alix Noblat et le vidéaste Phil Rouleau au moment de nous répondre. Le Français rejoignait Zermatt pour y disputer la Patrouille des Glaciers. Le bémol? Sa course a été annulée.

«Je pense que les milieux extrêmes et risqués mettent davantage en avant la personnalité de chacun»

Le trio n’a pas cessé de rafraîchir la page Instagram de l’événement. Il y a vu la tempête à Tête Blanche. «Ce sont des images inquiétantes, souffle celui qui a terminé 4e de l’UTMB 2023. On voit qu’ils bossent comme des malades pour qu’on ait la course. C’est impressionnant.»

Son terrain de jeu habituel, ce sont des sentiers escarpés. Salade de cailloux et grimpette occupent son quotidien. Pourtant, c’est bien avec des skis et des peaux de phoque qu’il a choisi de passer son hiver.

«Ce sont deux sports qui se pratiquent dans des milieux naturels. Mais je trouve que le ski-alpinisme est beaucoup plus dangereux que le trail», estime-t-il, en évoquant le froid et les risques d’avalanches.

La découverte plutôt que la performance

Son équipe avait abordé l’épreuve avec humilité. Elle a appris les bases à travers des formations, et elle s’est entraînée d’arrache-pied. «Nous n’avons pas un objectif de performance, rappelle Mathieu Blanchard. Nous apprenons beaucoup, comme l’esprit de cordée. La communication est difficile et il y a beaucoup de tensions. Je pense que les milieux extrêmes et risqués mettent davantage en avant la personnalité de chacun.»

D’ailleurs, ce risque est-il bienvenu? Comme beaucoup, le Français naturalisé Canadien et son équipe ont entendu parler du drame de Tête Blanche. Ils ont aussi vu les montagnards pleurer, avant d’accepter et de passer à autre chose. Sans forcément ressentir une peur vivace que ce sera leur tour.

«Je découvre ce côté-là du sport, confirme l’athlète. Cette histoire de fatalité me dérange un petit peu. L’acceptation de la mort aussi.»

Sa compagne Alix Noblat reconnaît qu’elle craignait déjà la montagne. C’est d’ailleurs ce pour quoi toute l’aventure est documentée. Des premiers entraînements au bouquet final que serait la course: tout se retrouve en épisodes sur YouTube.

Les encouragements fusent. Les critiques aussi. «On voit des détracteurs, pour qui nous sommes des gens venant des réseaux sociaux, explique l’athlète d’ultra-trail. Nous, on aime le sport et on aime partager. Pour certains, le ski-alpinisme doit rester un sport de niche.»

Un accueil mitigé dans un milieu parfois conservateur. Le Français relève toutefois la sympathie du Trophée du St Bernard, une course à laquelle son équipe a pris part.

Mathieu Blanchard et Alix Noblat sont pourtant connus pour leurs prouesses à l’UTMB plutôt que pour leur participation à l’émission Koh Lanta, il y a bien des années. Là, ce sont véritablement les sportifs qui mettent les pieds à Zermatt. «Le plus dur, c’est d’attendre le départ», révèle Alix Noblat. Il n’aura jamais eu lieu. Les caprices du ciel ont pris le dessus sur la motivation du trio.

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