N°681 : KURT COBAIN, LA DERNIèRE ROCK STAR

L’intranquille

5 avril 1994.

Il y a 30 ans.

Le jour où le rock est mort ?

Certes non.

Le jour où Kurt Cobain est mort.

La dernière rock star ?

Dans un sens, oui. Qui d’autre depuis accepta d’endosser ce rôle ?

Donner son âme et puis son corps mais, dans son cas, sans jamais être dupe que ce n’était que du business.

Etre intranquille. Sans doute pas fait pour le job.

Trop fragile. Trop de folie autour de lui. Et puis Courtney Love.

Son truc à lui, c’était la peinture. Le graphisme. Un truc de solitaire. Personne ne peint devant des foules en sueur qui hurlent votre nom. Pas même Dali. Peut-être se rêvait-il un peu Basquiat, mort comme lui à 27 ans. Une coïncidence, bien sûr. Noircissant des cahiers de poésies et de dessins de cadavres démembrés, de pantins désarticulés, obsédé par le corps d’un homme pendu découvert à l’adolescence.

Enfant troublé, chétif, avec des soucis d’estomac, qu’il tentera plus tard de calmer à l’héroïne. Gosse maigrichon et peut-être moqué. Empilant, comme une armure les couches de vêtements. Enfilant deux jeans (troués la plupart du temps) l’un sur l’autre et deux ou trois chemises (à carreaux souvent) ou T‑shirts superposés, parfois sous un pull et une veste, une paire de vieilles Converse aux pieds. Censées faire illusion, ses tenues lancèrent une mode. Au grand dam de ceux qui appréciaient l’élégance. Remettant même en selle Neil Young davantage pour ses chemises de bûcheron que pour sa musique, quasiment. Il relança à lui seul et pour la première fois — la seconde viendra avec les Strokes — les ventes déclinantes de la marque de baskets.

Dieu est gay, était son graffiti favori. Matière Fécale, son premier groupe ! Krist Novoselic rencontré dans un Burger King… Et puis le grunge, ce mot ! Mycose entre les doigts de pied, voilà comment on peut traduire élégamment le nom du fameux mouvement… En même temps, on respire à l’idée qu’on a frôlé des trucs comme Furonculose, Purpura ou Angiome tubéreux. Et puis Seattle, hein. Obligeant de se

fader tous les fâcheux de la ville. Et il n’en manquait pas.

Collectionneur frénétique. Comme Jack White, tiens. De boîtes de médicaments, d’organes d’anatomie, de fœtus en plastique, de vieilles poupées de porcelaine, de jouets… en particulier, les singes musiciens. Son préféré, il l’avait baptisé Chim-Chim,

du nom d’un personnage de dessin animé obsédé par les bonbons. On retrouve Chim-Chim au dos de la pochette de “Nevermind”, au milieu d’un collage de photos de viande et de vulves. Il aimait les hippocampes, sinon. “Raw Power” était son disque préféré. Son groupe est désormais un T‑shirt. Même sa mort l’a fait entrer dans cette légende qu’il ne souhaitait pas… Le FBI a enquêté. Suicide ou homicide ?

Bref. Malgré lui il était devenu cette star honnie par lui-même.

Bref, il n’était pas fait pour le job.

Bref, il en est mort.

Il y a 30 ans.

Il en avait 27.

Le 5 avril 1994.

Vincent Tannières

Sommaire

Mes Disques A Moi

Marc Voinchet par Thomas E. Florin

In Memoriam

Frank Darcel par Jérôme Soligny

Tête d’affiche

Dynamite Shakers par Isabelle Chelley

Frustration par Jérôme Reijasse

Ride par Romain Burrel

En vedette

Slowdive par Léonard Haddad

The Dandy Warhols par Danny Boy

The Lemon Twigs par Vianney G.

Deep Purple par Jérôme Soligny

Xmal Deutschland par Alexandre Breton

Le Kiosque d’Orphée par Eric Delsart

Fat White Family par Thomas E. Florin

En couverture

Kurt Cobain par Eric Delsart

La vie en rock

Marc Tobaly / Les Variations par Patrick Eudeline

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