UN OPéRA AUX AIRS DE PROHIBITION

Entre jazz et lyrisme classique, «Eden Park» est une plongée flamboyante dans les années folles aux États-Unis. Première le 17 avril au Théâtre de l’Oriental, à Vevey.

Un opéra aux sonorités «jazzy» ancré dans une ambiance de «speakeasy». Tout débute lorsque le compositeur et musicien lausannois Gérard Massini découvre un documentaire sur la vie de George Remus, contrebandier notoire à la fortune exubérante. Il sait qu’il tient quelque chose: «Cette histoire, c’est déjà un opéra en soi!»

Le contexte? Cincinnati, 1923. L’alcool coule à flots dans les bars clandestins et les fêtes y sont somptueuses. George Remus amasse des sommes d’argent colossales grâce à ses activités illégales. Jusqu’au jour où il se fait écrouer pour fraude fiscale. Le contrebandier supplie alors sa femme, Imogene, de tout faire pour le sortir de prison, quitte à séduire l’inspecteur chargé du dossier. Sauf que sa femme en tombe amoureuse et dilapide la fortune de son mari. Tout juste sorti de prison, ce dernier, épris de vengeance, poursuit son épouse dans le jardin public Eden Park et la tue à bout portant. Ce fait divers a fasciné les États-Unis de l’époque.

Immersion dans les années 20-30

Après avoir visionné ce film, Gérard Massini s’empresse d’en discuter avec son amie Tatiana Eva-Marie, par ailleurs chanteuse de jazz. «On se connaît depuis le Gymnase et nous nous étions toujours dit que nous ferions un opéra ensemble, détaille Gérard Massin. Pour composer le livret, Tatiana s’est notamment basée sur des archives de la presse people, les échanges épistolaires du couple et les mémoires de la vice-procureure de l’époque.» Inspirée de faits réels, la pièce plonge dans les méandres de l’histoire, comblant les silences grâce à la fiction. Rythmé en quatre actes, «Eden Park» veut rendre l’expérience immersive. Tous les chants sont en anglais et l’univers musical se pare de couleurs jazz, avec des harmonies évoquant et puisant dans ce répertoire des années 20-30.

Comme artifice romanesque, un «paperboy», soit un livreur de journaux, fera office de fil rouge. «Par petits interludes, ce personnage va s’adresser directement au public et lui raconter en français ce qu’il se passe, souligne le compositeur lausannois. C’est une manière de se passer de surtitres pour permettre une meilleure immersion dans la musique.»

Une quarantaine de personnes sur scène

Avec deux chœurs, quatre chanteurs solistes et deux musiciens, «Eden Park» est une œuvre ambitieuse. «La réunion de choristes de l’Ensemble vocal féminin Callirhoé et de l’Ensemble choral voix de Lausanne avec des musiciens professionnels permet de créer un cercle vertueux et une dynamique porteuse», ajoute Gérard Massini.

Empruntant volontiers certains codes de la comédie musicale, les choristes vont investir la scène lors de moments de danse. «Le chœur incarne un rôle en soi. La justesse de cette œuvre se trouve justement dans l’interconnexion de la trame narrative et musicale, explique le metteur en scène Dominique Tille. Pour moi, l’écriture elle-même est déjà fluide et cohérente, et permet de raconter cette histoire complexe dans sa globalité. «Eden Park» nous entraîne dans un univers plus vrai que nature!»

«Eden Park», du 17 au 21 avril au Théâtre de l’Oriental, à Vevey. Réservations: 021 925 35 90 ou sur le site internet. Du 14 au 26 mai au Pullof-Théâtre,​​ à Lausanne.

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