LA NOUVELLE SéRIE APPLE NOUS CULBUTE DANS UN MéTAVERS EXISTENTIEL

Voici une nouvelle série de science-fiction à mettre à l'actif du catalogue d'Apple TV+. Une aventure qui convoque le chat de Schrödinger et nous balade dans un dédale sentimental.

La série Constellation s'enfonçait dans les limbes de Noomi Rapace, astronaute aux hallucinations envahissantes. Dark Matter, nouvelle série diffusée également sur la plateforme Apple, nous parachute dans la vie étrange et digne d'un métavers d'un certain Jason Desen (Joel Edgerton), professeur de physique.

Sa petite vie bien rangée va être dégommée un soir, après une sortie entre amis. Plusieurs bourbons dans le gosier après avoir fêté son pote qui a remporté un prix scientifique qu'il convoitait, Jason se retrouve coincé dans une ruelle sombre par un bonhomme masqué. Il est kidnappé alors que la nuit, seule témoin de son enlèvement, l'engloutit pour amorcer une dégringolade existentielle.

Au réveil, c'est une équipe de médecins qui lui tapent dans la main. Le bougre est connu de tous. Lui, il ne connaît personne. C'est là que le maillage de Dark Matter ne laisse pas indifférent. Comment le professeur de physique dans une université de Chicago à la vie calibrée est en fait un tout autre homme dans une de vie antérieure. Mystère.

«Sugar»: la série noire qui fait briller Colin Farrell

Il y a la théorie d'Everett qui traîne là, il y a Schrödinger et son célèbre chat pour étayer le propos de la série. Pour faire plus simple, si nous comprenons bien les subterfuges de la physique quantique, il est possible d'embrasser une flopée de versions de nous-mêmes. Il suffit de prendre un produit permettant à Jason de se détacher d'une autre version de lui-même pour endosser une autre. Pas facile à suivre, mais la série s'applique pour (essayer) de ne pas nous perdre en route.

Le thriller transdimensionnel peut paraître très complexe, tortueux, sinueux, proche de nous coller une foutue migraine. Or, Dark Matter nous offre des moments pour reprendre notre souffle, grâce aux enjeux sentimentaux qui injectent une touche plus légère. Enfermé dans ce multivers, Jason va affronter sa propre version pour chercher sa vraie famille et trouver la femme de sa vie (Jennifer Connelly), s'époumoner pour retrouver le fil de son existence.

«Constellation», la très bonne série qui fait perdre la boule

Sa vie bascule d'un monde à l'autre, à chercher une trappe vers une réalité fragmentée. Jason s'efforce à trouver une sortie dans ce dédale de bouts de vie. Une histoire à en perdre la raison, qui a tendance à peser sur la tête du professeur de physique. Il en découlera une fatigue matérialisée par des actes séparés de leurs intentions comme des réflexes nerveux qui semblent tapisser ses pensées.

Entre philosophie et physique quantique

Le showrunner Blake Crouch - qui adapte ici son propre roman et qui est connu pour sa série Wayward Pines, s'amuse à tricoter un récit complexe, parfois faussement complexe, avec une réelle efficacité dans son exécution et ses enjeux (surtout émotionnels).

Dark Matter fricote avec la physique et flirte langoureusement avec la philosophie - la réflexion sur l'identité et le fil de l'existence, ainsi que le libre arbitre. Pour Jason, endosser différentes versions de sa personne architecture un jeu de miroirs, tout en culbutant le spectateur dans ce fameux raisonnement du bon ou du mauvais choix et d'une possibilité d'une vie à l'infini.

Là, avec ces clés et l'excellent Joel Edgerton pour incarner la série et les tourments d'un homme au carrefour des intentions, c'est une série qui touche sa cible, celle de rester cohérente en déployant des univers foisonnants.

«Dark Matter», série en 9 épisodes, est à découvrir sur Apple TV+ dès le 8 mai.

Dark Matter - Bande-annonce

Vidéo: watson

2024-05-09T13:54:38Z dg43tfdfdgfd