STéPHANE BERN NOUS FAIT VISITER SES JARDINS à THIRON-GARDAIS

L'homme de télévision et de radio est également un fervent défenseur du patrimoine. Chez lui, à Thiron-Gardais dans le Perche, il cultive son amour des jardins.

Monsieur Patrimoine n’est pas qu’un amateur de belles pierres. Il a aussi une vraie expertise sur les magnifiques espaces verts que compte notre Hexagone, dont il a fait un livre (Les Jardins préférés des Français, paru aux éditions Flammarion). Stéphane Bern nous emmène à la découverte de ses jardins favoris, qu’ils soient somptueux ou plus modestes. Il faut noter que fin 2023 en France, 468 "jardins remarquables" ont été labellisés par le ministère de la Culture.

On connait votre passion pour les vieilles pierres, moins celle que vous avez pour le végétal...

Stéphane Bern : le jardin a la même importance que la pierre. Quand les gens parlent de patrimoine, ils pensent au bâti. Moi j'accorde aussi beaucoup d'importance au patrimoine végétal et naturel.

Qu’est-ce qu’un beau jardin selon vous ?

Stéphane Bern : c’est un espace où les gens ont le sentiment de s’évader, d’être dans un ailleurs, d’oublier les soucis du monde. Il n’y a pas de beaux ou de vilains jardins. Certains vous transportent tandis que d’autres vous laissent indifférent.

Quels sont ceux qui vous touchent le plus ?

Stéphane Bern : ils sont nombreux, à commencer par ceux dits à la française. Ceux de Versailles évidemment, et de Chantilly, sont extraordinaires. L’homme a réussi à dompter la nature. Il en a fait une sorte d’architecture végétale comme un reflet de l’architecture de pierre, mais à base de buis et de parterres de fleurs. Quand je suis au château du Champ de Bataille dans l’Eure, je suis impressionné par les jardins que le décorateur Jacques Garcia a imaginés. Mais j’aime tout autant les jardins à l’anglaise qui sont des invitations à la rêverie. L’esprit y vagabonde, tout comme l’œil. Tout est dans la perspective, le mélange de couleurs, de formes, de tailles. On crée de l’harmonie et de la surprise. Il y a toujours quelque chose qui invite à aller un peu plus loin.

Certains ont une place à part…

Stéphane Bern : c’est vrai. Sur les bords de Loire, j’adore aller chez les Carvallo à Villandry. On ne peut pas imaginer le château sans ses jardins. Lorsque Joachim Carvallo, alors propriétaire de Villandry, a crée il y a tout juste 100 ans La Demeure Historique, la première association de sauvegarde et de protection du patrimoine privé, Il a non seulement voulu protéger le château mais aussi ses jardins qui l’ont tant inspiré et, par ricochet, tous les autres jardins.

Quels autres jardins français conseillez vous de visiter ?

Stéphane Bern : il y en a trop pour tous les citer. Ceux du manoir d’Eyrignac, en Dordogne, sont magnifiques avec cet art de la topiaire. Et puis, l’arboretum des Grandes Bruyères à Ingrannes, dans le Loiret. J’aime beaucoup les arboretums, ils nous invitent à redécouvrir la diversité des essences. C’est sur la côte normande à Varengeville-sur-Mer (Seine-Maritime) que j’ai trouvé l’inspiration pour ma collection d’hydrangeas. Dans le Cotentin, il y a le touchant petit jardin de Prévert à Omonville. Je pense aussi à Kerdalo en Bretagne (Côtes-d’Armor). Et puis il y a Le Rayol dans le Var, un jardin méditerranéen où toutes les espèces poussent. Sans oublier les jardins japonais comme celui de Maulévrier dans le Maine-et-Loire…

D’autant que des événements s’y déroulent souvent !

Stéphane Bern : il ne faut pas manquer les fêtes de jardin, comme au château du Lude (Sarthe). Barbara de Nicolaÿ fait un travail formidable pour y mettre en valeur les jardiniers et les créateurs…. Je suis son exemple pour permettre à des pépiniéristes de s’expliquer, à des paysagistes de faire des conférences. Le bonheur est dans le jardin et c’est ce que j’aimerais transmettre à mon tour. J’organise donc une fête des jardins chez moi, au Collège royale et militaire de Thirons-Gardais (Eure-et-Loir). L’année dernière, on a reçu près de 3.500 personnes, Alain Baraton et beaucoup d’exposants aussi. Cette année, le rendez-vous est fixé au dernier week-end d’avril.

Comment qualifieriez-vous le travail des jardiniers ?

Stéphane Bern : comme les pépiniéristes et les paysagistes, ils vivent avec les saisons, ils vous ramènent à l’ordre naturel des choses. Un jardin c’est l’école de la patience. La vie actuelle nous pousse à une sorte d’urgence. La nature, elle, a son rythme qui n’est pas celui des réseaux sociaux. Il faut que ça prenne le temps de pousser, d’éclore. Les jardiniers portent une poésie en eux. Ce sont des botanistes incroyables. J’ai connu Louis Benech quand il a refait les Tuileries. On est devenus amis et il s’est occupé de mon jardin. En voyage, il n’hésite pas à s’arrêter au bord de la route pour donner le nom latin d’une plante intéressante. Moi j’ai l'appli PictureThis pour apprendre. Je photographie une plante inconnue et en quelques secondes l’appli me donne son nom. Je la mets ensuite dans mon catalogue pour éventuellement l’acheter.

Vous vous retroussez les manches pour y travailler ?

Stéphane Bern : je manque de temps. Cela dit, j’aime bien faire de petits travaux, ramasser les branches qui sont tombées, les feuilles, couper les roses fanées. J’ai un seul jardinier, Olivier avec qui j’adore discuter. Une branche cassée ou un arbre fruitier qui penche me préoccupe tout autant que ce qui concerne le bâtiment.

Y a-t-il des végétaux qui vous attirent plus particulièrement ?

Stéphane Bern : je suis un passionné de roses. J’adore les variétés anglaises et anciennes, leur parfum aussi. D’ailleurs j’en ai déjà baptisé deux ! La Stéphane Bern est arbustive et orangée. L’autre, Mission Patrimoine, est assez arbustive aussi mais elle est toute blanche. Elle est très belle, et solide comme le patrimoine qu’on essaye de restaurer ! Je me suis fait une roseraie de 25 à 30 pieds avec des roses aux noms royaux : Grace de Monaco, impératrice Elisabeth, reine Victoria, Yolande d’Aragon, Alexandra de Kent... Il faut bien trouver des idées qui plaisent au public quand vous faites visiter un jardin.

Pour sa roseraie, Stéphane Bern a choisi des variétés aux noms royaux (ici, la "Princesse de Monaco", une obtention Meilland).© M. Meilland/Dounle M Production.

Quelle atmosphère avez-vous voulu donner à Thiron-Gardais ?

Stéphane Bern : j’ai acheté la propriété il y a 10 ans et le jardin a été ouvert au public en 2016. On essaie d’améliorer les choses, on a récréé le verger même s’il reste quelques pommiers anciens. Sur un hectare, on a toutes sortes d’ambiances différentes : un jardin potager, un jardin à la française, un jardin à l’anglaise et un petit bois. J’aime bien les arbres, mais pas au point de les embrasser. Quoique, je m’appuie souvent sur le séquoia de 32 mètres et de 130 ans, c’est un des arbres remarquables du département. Il dégage une bonne énergie. Je partage cette aventure avec le public et me montre régulièrement. C’est un véritable échange, les gens sont très respectueux, j’en suis assez frappé.

Avez-vous observé des évolutions ces dernières années ?

Stéphane Bern : la situation économique pousse les gens à s’occuper eux-mêmes de leur jardin, a créé un potager pour vivre un peu en autarcie. Et donc on cherche a le rendre plus facile à entretenir tout en respectant davantage la nature. On n’emploie plus des produits nocifs. Avec les changements climatiques, on est tous soumis à rude épreuve y compris nos jardins. Il faut s’adapter. Par exemple, planter des espèces moins consommatrices en eau, privilégier le paillage et le goutte-à-goutte...

Un mot pour conclure ?

Stéphane Bern : le jardin, c’est ce qui touche le plus à l’âme. Il faut le protéger et l’entretenir, comme l’amitié ou l’amour. Sinon, il dépérit.

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Prima
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