DRAME DE MONTREUX: LES DOCUMENTS QUI MONTRENT L'EMPRISE COMPLOTISTE

Les enquêteurs ont mis la main sur une documentation qui leur a permis d'établir une hiérarchie des responsabilités dans la tragédie.

On pensait que le père, un grand gaillard de 40 ans, sportif, décrit comme «protecteur» par des voisins, toujours à fermer en dernier la porte de l’ascenseur, était l’élément dominateur de cette famille de cinq personnes: les parents, le fils de 15 ans, la fille de 8 ans, la sœur de l’épouse. On se trompait. C’étaient les deux femmes, des jumelles âgées de 41 ans. Selon le communiqué transmis mardi matin à la presse, «très contrôlantes, elles exerçaient une forte emprise sur les enfants et les maintenaient dans la croyance d’un monde qui leur était hostile».

Un mari «effacé mais parfaitement au courant»

C’est en allant recueillir des témoignages chez les familles des victimes, en France, en Belgique et en Autriche, et en fouillant dans les appareils numériques de ces dernières que les enquêteurs sont parvenus à dresser les profils des trois adultes. Un mari «effacé», des femmes «dominantes et possessives». Mais un mari «parfaitement au courant de la dynamique en cours et de la manière dont les femmes agissaient envers les enfants», précise à watson le responsable de la communication du ministère public du canton de Vaud, Vincent Derouand.

Enorme révélation sur la mère dans l'affaire du drame de Montreux

Un «suicide collectif», dit l’enquête. Un acte «prémédité, préparé, répété», ajoute Vincent Derouand. Précédé en amont d'un endoctrinement consistant en des «thèses complotistes, survivalistes, antivax et anti-Etat», précise le responsable de la communication.

«Les enquêteurs ont mis au jour des sites consultés sur Internet, des textes rédigés par les sœurs elles-mêmes, ils ont eu accès à leurs messageries»

- Vincent Derouand -

L’ensemble des documents recueillis a permis d’établir une hiérarchie des responsabilités au sein de la famille.

Nous avons cherché à savoir si des noms ressortaient des sites et vidéos consultés, cette information pouvant avoir un intérêt public. Vincent Derouand a posé la question au procureur. Celui-ci lui a répondu que «rien de particulier» n’était à signaler à ce sujet. Dans la mesure où il est apparu que les sites et vidéos consultés n’incitaient pas en tant que tels à la commission d’actes illégaux, le fait de savoir si des noms de tiers figurent dans la documentation retrouvée n’aurait pas de pertinence pénalement parlant, comprend-on.

Dernier contact: décembre 2021

La dernière fois que la famille a été en contact avec les autorités du canton de Vaud, c'était en décembre 2021, relate Vincent Derouand. Alors que la mère et la fille résidaient censément au Maroc depuis 2019, l’administration vaudoise était en relation avec le père dans le cadre de l’enseignement à domicile du fils. Un premier contrôle sur le suivi de cet enseignement à distance avait été concluant. Par la suite, les courriers du service chargé de ce suivi sont restés sans réponses.

«En décembre 2021, le père raccrocha même au téléphone. Les ponts étaient alors formellement rompus»

- Vincent Derouand -

De là ou d’un peu plus tard date la décision d’envoyer une patrouille de policiers au domicile du père, à Montreux, pour l’amener à s’expliquer sur la déscolarisation de son fils. La famille ignorait quand les forces de l’ordre viendraient, affirme le ministère public, mais elle s’attendait à une visite de cette nature. Dernière étape d’un drame «prémédité, préparé, répété».

Drame de Montreux: «Parler d'un suicide collectif est déplacé»

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