«UNE FEMME N'A PAS SA PLACE DANS NOTRE VIE»: DANS LA VIE DE FABIEN ROHRER, PèRE CéLIBATAIRE ET EX-SPORTIF PROFESSIONNEL

Fabien Rohrer était LA star de la jeune scène suisse du snowboard. Il a remporté trois fois le titre de champion du monde. Aujourd'hui, il profite de sa vie de père célibataire, tout en se lançant dans une nouvelle émission de télévision.

«Tu dois plus plier les genoux!» Jeremy, 12 ans, essaie encore une fois. Et une troisième fois. Puis il finit par réussir un nouveau trick sur son skateboard. Heureux comme jamais. Son papa, Fabien Rohrer, est fier de lui.

D'une voix calme, mais insistante, il explique au garçon comment perfectionner ses figures. Les deux s'envolent sur leurs planches et s'éclatent dans le skatepark de Spiez, dans le canton de Berne.

Attention et amour au centre de l'éducation

Ce skatepark, l'ancien champion du monde de snowboard Fabien Rohrer se l'est offert pour ses 45 ans. C'est son espace, là où l'enfant qui sommeille en lui peut jouer, sauter sur des tremplins et s'élancer dans des halfpipes. «Chaque fois que Jeremy a un jouet cool, je le veux aussi», avoue le papa. Fabien Rohrer élève seul son fils. Lors de leur séparation il y a sept ans, les parents de garçon ont décidé que Jeremy resterait avec son père. Il a organisé sa vie de manière à pouvoir donner au garçon le plus d'attention et d'amour possible. «Tout se passe bien 90% du temps.»

Le père et le fils se prennent régulièrement dans les bras... mais ils se taquinent aussi beaucoup. «Jeremy prend la vie comme elle vient, c'est un rêveur. Je suis beaucoup plus nerveux que lui, glisse Fabien. Et il ne se douche qu'une fois par semaine.» «Non, deux fois», lance Jeremy, indigné. Aujourd'hui encore, Fabien Rohrer passe un jour sur deux à la montagne, où il s'entraîne avec Jeremy à réussir tricks et sauts dans le halfpipe.

«Pour un homme de 48 ans, j'ai un très bon niveau», avoue-t-il. En mars dernier, lors d'un événement de prestige aux Etats-Unis, Fabien Rohrer a remporté haut la main la victoire en half-pipe dans la catégorie des plus de 40 ans, devant d'anciens grands noms du snowboard comme Ross Powers ou Todd Richards.

Le fils prodige a ses propres fans

Il n'a jamais écouté ce que lui disait le système, raconte le père. «J'ai toujours suivi mon cœur. C'est ce que je souhaite à Jeremy. Qu'il ne se sente jamais forcé de devoir faire quelque chose.» Très tôt, le petit Jeremy suit les traces de son papa en snowboard. Aujourd'hui, il ride déjà dans la cour des grands. Sur TikTok, 20'000 personnes le suivent. Et sur la piste, ce n'est pas papa Fabien, mais Jeremy qui est interpellé par ses fans. «Ils me demandent comment j'ai appris à faire mes tricks», raconte fièrement le garçon.

Les vidéos qu'il met en ligne sur les réseaux sociaux sont aussi explicatives. Il montre à ses followers comment régler au mieux leurs fixations, comment cirer leur snowboard ou quelle jambe doit être devant. Et bien sûr, comment s'entraîner aux sauts et aux tricks. En outre, Jeremy tourne des vidéos publicitaires ou fait des shootings pour des marques. «C'est ce qui me plaît le plus. Je ne participe pas à des compétitions», rapporte-t-il, se distinguant ainsi de son père.

Jeremy fréquente une école internationale dans le village voisin. «En fait, il ne parle allemand qu'avec moi», explique le papa snowboarder. «Mes amis vivent à l'étranger. Ils ont tous des enfants. Quand nous nous voyons, nous parlons anglais. Pour moi, il était important que Jeremy ne soit pas exclu.»

Son avenir, Jeremy doit toutefois le construire lui-même. «Il pourrait passer un baccalauréat international, faire des études dans le monde entier. Il pourrait aussi faire quelque chose dans l'immobilier comme moi. Mais il ne doit pas rester un éternel étudiant, il devra gagner son pain lui-même.»

Jeremy doit travailler pour son argent de poche

C'est ce que fait déjà le garçon de douze ans. Il lui arrive de recevoir plusieurs centaines de francs pour un seul shooting. Fabien veille à ce que Jeremy garde les pieds sur terre. «C'est un sujet délicat, dit-il pensivement. Nous avons regardé les réseaux sociaux d'un œil critique. Nous avons parlé de la pression ou de l'idée de vouloir être quelqu'un d'autre. J'observe et j'attends un comportement normal.»

Pour son papa, il est important que Jeremy ait suffisamment de temps pour s'amuser. Mais aussi qu'il apprenne à travailler pour gagner sa vie. Jeremy ne reçoit donc pas d'argent de poche. Il participe au nettoyage des maisons de l'entreprise de son père. «Il nettoie les cages d'escalier. Ensuite, il me fait une facture», dit Fabien en riant. Jeremy est payé 30 francs de l'heure. «Il est surpayé», admet le père en riant.

Après avoir mis fin à sa carrière de snowboarder, Fabien Rohrer s'est lancé dans l'immobilier et s'est constitué un joli matelas financier. Il est propriétaire de plusieurs immeubles qu'il gère lui-même. Cela demande de la discipline et de l'organisation. Chaque jour, il se lève à 5h30, fait une demi-heure de yoga et médite. «Ce qui est important, c'est de se lever et de faire les choses. Beaucoup n'y arrivent pas.»

Nouvelle émission pleine d'action et d'émotions

Faire, tout simplement: telle est également la devise de son nouveau projet. A partir d'aujourd'hui, 19 avril, Fabien Rohrer sera l'hôte de l'émission «To Be Wild» sur la chaîne alémanique privée 3+. Il ne s'agit pas seulement de parler. Le sportif promet aussi une bonne dose d'action. Des invités issus du monde du sport, du divertissement ou de la politique se mettront dans des situations limites avec Fabien Rohrer.

«Je suis allé faire de l'escalade sportive avec l'humoriste Charles Nguela. Il s'est mis dans le rouge», explique le papa en souriant. «C'est précisément dans cette situation qu'il s'est ouvert.» Le skieur Ramon Zenhäusern ou la politicienne Flavia Wasserfallen se sont également essayé à l'exercice de Fabien Rohrer. Il a lui-même proposé l'idée de l'émission, même si ce projet lui faisait peur, il a sauté sur l'opportunité. «Quand on m'a appelé et qu'on m'a dit, ok, on va le faire, j'ai d'abord pensé 'merde'. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière.»

L'année prochaine, Fabien Rohrer aura 50 ans, mais il ne veut pas entendre parler de crise de la quarantaine. «J'oublie généralement mon âge. Je vis, tout simplement.» Il montre son balcon du doigt. «Le matin, quand je suis assis dehors et que je regarde les montagnes, je ressens un sentiment de gratitude d'avoir survécu en bonne santé à tous ces trucs sauvages. C'est moi qui décide. Personne d'autre.» Ni une quelconque partenaire.

Pas de place pour une amoureuse

Il n'y a actuellement pas de place pour une femme dans la vie des Rohrer. «Je n'ai pas de temps pour cela. Je ne suis pas celui qui boit du vin rouge le soir sur le canapé avec sa copine. Avec moi, on ne peut pas non plus faire la grasse matinée. Je voyage beaucoup, je suis en public ou en montagne. Tout le monde ne fait pas ça.»

Sa liberté est plus importante pour lui: «La vie est un sablier, et personne ne sait combien de sable il lui reste. Je ne veux pas vivre comme si j'avais encore cent ans devant moi. Quand viendra mon heure, j'irai là-haut demander qui est responsable de tout cela. Et je remercie le ciel de m'avoir permis de vivre. Mon bonheur vient d'une chose qui me tient à cœur: le snowboard.»

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