Le procès du vigneron Didier Chopin s’est ouvert ce mardi 10 juin 2025 au Tribunal correctionnel de Reims, au cœur du vignoble champenois. Le parquet a requis, le mercredi 11 juin 2025, 4 ans de prison dont 3 ans avec sursis et une amende de 100 000 euros, selon ici. Il est accusé d’usurpation d’appellation d’origine contrôlée, d’escroquerie et d’abus de biens sociaux.
Le Comité Champagne a déclaré que « les Champenois appellent à une sanction exemplaire afin de dissuader toute tentative de fraude et de préserver l’intégrité de leur patrimoine commun ».
Les faits se sont déroulés entre le 31 mai 2022 et le 1er juin 2023, avant d’être dénoncés par une employée. Didier Chopin élaborait son faux champagne à Billy-sur-Aisne dans l’Aisne, avant de le transporter dans son exploitation de champagne, à Champlat-et-Bojancourt, dans la Marne, afin d’y coller les étiquettes.
Environ 1,5 million voire 2 millions de bouteilles de faux champagne auraient été commercialisées dans les grandes surfaces françaises et dans 40 autres pays. Le vigneron a d’ailleurs déclaré avoir lui-même élaboré la recette : du vin de bas de gamme d’Ardèche et d’Espagne, de la liqueur et du gaz carbonique.
Il a cependant minimisé le nombre de bouteilles commercialisées au nombre de 200 000 au micro de TF1, bien loin des chiffres annoncés, même s’il admet sa culpabilité. Le faux champagne avait été vu dans des rayons en France à moins de 15 euros, défiant toute concurrence.
Le délibéré sera rendu par les juges le 2 septembre 2025.
En attendant, on peut se demander si l’industrie du champagne ne risque pas d’être encore plus affectée avec cette affaire en cours. Le comité interprofessionnel du vin de Champagne « condamne fermement ces actes intolérables, heureusement rarissimes » et « réaffirme son engagement indéfectible à protéger l’appellation ».
Une autre menace plane sur le secteur, en effet, les ventes du champagne en 2024 ont enregistré une baisse de 9,2 % par rapport à 2023.
Les ventes à l’étranger représentent une baisse de 10,8 %, avec notamment les Etats-Unis, qui représentent le premier marché à l’export du secteur.
Cette année d’ailleurs, au mois de mars, Donald Trump avait bousculé la filière champagne avec sa menace d’un taux de 200 %. Il a finalement accordé en avril un sursis de 90 jours pour la mise en œuvre des droits de douane, même si un taux supplémentaire de 10 % sera tout de même appliqué, contre les 20 % annoncés.
Les principaux acteurs du secteur disent rester prudents face à de futures déclarations du président américain et déclarent avoir besoin de stabilité pour éviter de perdre leurs clientèles.
2025-06-12T16:22:13Z